J’aime le jeu, l’amour, les livres, la musique, La ville et la campagne, enfin tout, Il n’est rien qui ne me soit souverain bien, Jusqu’au sombre plaisir d’un cœur mélancolique. Jean de La Fontaine

samedi 27 septembre 2014

Où donc était Arthur Young le 14 juillet 1789 ?


 

Question d'histoire vachement pas facile, et pourtant intéressante.
Ce voyageur anglais, agronome, gentleman farmer, fait plusieurs voyages en France, dans les années pré-révolutionnaires et au début de la Révolution. Ses observations, son témoignage sont importants pour l'histoire des populations rurales et des pratiques agricoles.

La réponse, nous apprend le site http://lejournaldearthuryoung.fr , c'est à Metz. Ce qui est intéressant, c'est ce que rapporte Young de l'actualité nationale à travers les échos qu'il en a de Metz.

Voici ce qu'il a vu et entendu en cette journée mémorable :

"Il y a un cabinet littéraire à Metz, dans le genre de celui que j'ai décrit à Nantes, mais sur une moins grande échelle ; tout le monde y est admis pour lire ou causer, moyennant 4 sous par jour. Je m'y rendis en hâte et trouvai les nouvelles de Paris fort intéressantes, tant celles que donnaient les journaux que d'autres que je tins d'un monsieur que j'y rencontrai. Versailles et Paris sont environnés de troupes : il y a déjà 35.000 hommes ; 20,000 sont en marche ; on rassemble un grand parc d'artillerie, et tout se prépare pour la guerre. Cette concentration a fait hausser le prix des vivres, et le peuple ne distingue pas aisément les achats pour le compte de l'armée de ceux qu'il croit faits pour le compte des accapareurs. Le désespoir s'empare de lui, aussi le désordre est extrême dans la capitale. Un monsieur, d'un jugement excellent, et très considéré, à en croire les égards qu'on avait pour lui, déplorait de la façon la plus touchante la situation de son pays dans un entretien que nous eûmes à ce sujet ; il considère la guerre civile comme inévitable. « Il n'y a pas à en douter, ajoutait-il, la cour, ne pouvant s'accorder avec l'Assemblée, voudra s'en débarrasser ; la banqueroute s'ensuivra, puis la guerre, et ce n'est qu'avec des flots de sang qu'on peut espérer établir une libre constitution : il faut cependant qu'elle s'établisse, car le vieux gouvernement est rivé à des abus désormais insupportables. Il convenait avec moi que les propositions de la séance royale, quoique loin d'être tout à fait satisfaisantes, pouvaient cependant servir de base à des négociations qui eussent assuré par degrés « tout ce que l'épée, même la plus triomphante, peut conquérir. La bourse est tout ; habilement tenue avec un gouvernement nécessiteux comme le nôtre, elle obtiendrait de lui tout ce que l'on souhaite. Quant à la guerre, Dieu sait ce qu'il en sortira ; son bonheur même peut nous ruiner : la France peut, aussi bien que l'Angleterre, nourrir un Cromwell dans son sein."


Donc rien sur la Bastille, les nouvelles n'avaient pas encore couru les chemins... Rappelons qu'à Versailles même, Louis XVI écrit "Rien" dans son journal quotidien, ce jour-là...

Il faut attendre le 20 juillet, Arthur Young est alors à Strasbourg, pour qu'il évoque la prise de la Bastille :

..."En arrivant à l'hôtel, j'ai appris les nouvelles intéressantes de la révolte de Paris : la réunion des gardes françaises au peuple, le peu de confiance qu'inspiraient les autres troupes, la prise de la Bastille, l'institution de la milice bourgeoise, en un mot le renversement complet de l'ancien gouvernement. Tout étant décidé à cette heure, le royaume entièrement aux mains de l'Assemblée, elle peut procéder comme elle l'entend à une nouvelle constitution ; ce sera un grand spectacle pour le monde à contempler dans ce siècle de lumières, que les représentants de vingt-cinq millions d'hommes, délibérant sur la formation d'un édifice de libertés comme l'Europe n'en connaît pas encore. Nous verrons maintenant s'ils copieront la constitution anglaise en la corrigeant, ou si, emportés par les théories, ils ne feront qu'une oeuvre de spéculation : dans le premier cas, leurs travaux seront un bienfait pour la France ; dans le second, ils la jetteront dans les désordres inextricables des guerres civiles, qui, pour se faire attendre, n'en viendront pas moins sûrement. On ne dit pas qu'ils s'éloignent de Versailles ; en y restant sous le contrôle d'une foule armée, il faudra qu'ils travaillent pour elle ; j'espère donc qu'ils se rendront dans quelque ville du centre, Tours, Blois ou Orléans, afin que leurs délibérations soient libres. Mais Paris propage son esprit de révolte, il est ici déjà : ces troupes qui ont manqué me jouer un si mauvais tour sont placées pour surveiller le peuple, que l'on soupçonne. On a déjà brisé les vitres de quelques magistrats peu aimés, et une grande foule est assemblée qui demande à grands cris la viande à 5 sols la livre. Il y a parmi eux un cri qui les mènent loin : "Point d'impôts et vivent les états."...

Ce qui est bien avec ce site, c'est qu'il nous propose une carte, et quand on clique sur les lieux traversés, on tombe sur la page de ce qu'il a écrit ce jour-là.

Est-il passé par chez vous ?







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