La déception libératrice
Le
moyen le plus sûr d'avoir la paix (mais encore faut-il la vouloir) est
de décevoir. Ne saisissez pas votre chance, répondez en retard, soyez
passif, peu réactif, lent à tout, sans zèle, sans empressement, répondez
en-deçà de ce qu'on attend de vous, décevez, décevez, décevez. Bientôt
on vous laissera tranquille.
Dans
une société de la performance et de la surproduction culturelle, cette
attitude, comme vous le pressentez, est proprement révolutionnaire. Si
vous voulez vivre pour autre chose que le système, décevoir est le plus
sûr moyen pour qu'il ne compte plus sur vous. Desserrant alors ses
griffes, il vous laissera filer. Ceci est la première étape de la
déception libératrice.
La
seconde étape consiste à décevoir non seulement les autres mais
vous-même. Ce n'est que lorsque vous vous serez déçu vous-même sur tous
les plans que la libération sera pleinement accomplie. Il vous faut
arriver à ne plus rien attendre de vous. Vous cesserez alors de jouer
avec vous le jeu odieux du maître et de l'esclave. Vous ne vous donnerez
plus d'ordres aliénants, plus de défis éreintants, plus de missions
humiliantes. Fini tout ça. Vous n'aurez plus le moindre compte à rendre à
vous-même. Vous serez libéré du premier des tyrans.

Faire l'amour
(petite animation pédagogique à l'usage des rustres et des maladroits)
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